Un petit article pour parler boulot, car même si il y a pas grand chose à faire, il y a pas mal à dire...
Tout d'abord, ici les césariennes sont très fréquentes. On ne tergiverse pas. Un monito qui pour moi serait un monito de compèt, ici on y voit des décélérations... En même temps, ici on compte que deux sortes de décélérations, les types 1 et les types 2. Je sais pas trop à quoi ça correspond... Quand on me demande mon avis sur un monito, du coup on est pas tellement d'accord. On ne fait pas attention non plus quand on décroche le papier d'un monito, on l'arrache un peu au petit bonheur la chance, alors que chez nous, on prend bien garde de pas le couper en milieu de tracé tout ça tout ça, ici on comprend pas trop pourquoi.
Le rôle de la sage-femme en salle de césar à Maurice. Tout d'abord, les césar se font au bloc op qui se trouve juste à côté de notre service. Du coup, il faut faire avec l'équipe de la salle qui parle exclusivement anglais ou créole. Et surtout, on ne fait pas d'efforts hein, sinon ce serait trop simple!Donc en gros, je dois préparer la table chauffante pour le bébé, vérifier l'aspi et l'oxygène, préparer le konakion. Jusque là c'est pas trop sorcier. Là où ça "se corse" c'est au moment de mettre la sonde vésicale. Bon quand c'est un gyné qui ne veut pas qu'on en mette, ça va, c'est simple, quand il faut la placer, on doit attendre que les infis de salle d'op préparent le matériel, et parfois ils veulent la mettre eux même. Parfois pas. En gros on sait pas quand c'est notre job ou pas, et tout le monde te regarde comme une bête étrange et venue d'ailleurs. Désagréable. C'est le seul endroit où j'ai trouvé des gens peu sympathiques. Je me suis à moitié pris le chou avec une infi en "salle de réveil", comprendre une zone de transit en retour de salle d'op où les patients passent vraiment peu de temps. Je revenais chercher une patiente après sa césar et là elle commence à me parler méga vite dans un mélange de créole et d'anglais. Je comprends qu'elle m'avait posé une question mais vu que j'ai rien pigé à ce qu'elle me catchait, j'ai pas su répondre, ben ouais, logique quoi. Donc je lui dis, désolée mais je ne vous comprends pas. Là elle commence à s'emballer. Elle me demande ce que je parle comme langue, ben le français connasse. Donc elle se fout à moitié de ma gueule, genre ouais elle est pas douée celle là. Là elle me demande si je comprends l'anglais, ce à quoi je lui répond que oui, quand on fait l'effort de parler juste anglais et pas créole en même temps. Et là elle commence à transmettre son rapport méga vite en anglais, alors que cette conne parle français aussi. Bref, une grognasse. Bon, sinon une fois le bébé sorti, aspiré, séché, tout ça, hop direction la nurserie pour faire son admission. En gros on abandonne notre patiente en salle d'op et on la récupère après quand elle est dans son lit. Pas de surveillance rapprochée ni rien, et à la mat pas grand chose non plus. Du coup en katimini, je file dans les chambres faire mes tites surveillances, trop peur de passer à côté d'une hémorragie ou d'une merde dans le genre. Ils partent du principe que si la patiente se sent mal elle le dira, ouais enfin si elle se sent vraiment mal, elle aura du mal à le dire...
Autre chose qui a l'air de surprendre les collègues dans ma façon de bosser, je passe beaucoup de temps dans les chambres, ou du moins beaucoup plus qu'elles. Ben ouais j'en profite pour papoter avec les gens, leur poser des questions tout ça. Je m’intéresse quoi. Ici ça se fait pas du tout. En plus vu qu'il n'y a aucune éducation aux patients, j'essaie de faire passer un max d'info dans le peu de temps qui m'est tout de même imparti. Y a tellement de choses à dire, de conseils à donner, de "petits trucs" à faire passer. Grosses grosses lacunes ici. Je trouve ça tellement dommage. Les primi sont vraiment livrées à elles-même, je sais pas comment elles se débrouillent après à la maison franchement.
Enfin l'avantage que je trouve ici, c'est que ça me permet de me rendre compte que je kiffe vraiment mon boulot à la cita. Comme quoi l'herbe est rarement plus verte ailleurs. Au moins je sais que j'aime la façon qu'on a de bosser chez nous, avec le temps qu'on passe avec nos patients. Et même si on râle de nos horaires, croyez moi, nous sommes plus que chanceuses....