mardi 1 avril 2014

SF 7

Le paradis mauricien est réel, tout du moins quand on regarde le cadre de vie, les paysages et toutes les activités à faire sur l'île. Maintenant en ce qui concerne le travail de sage-femme sur place, il y a encore du boulot. Le problème vient principalement du fait que les sage-femmes formées ici n'ont pas toutes les bases que l'ont peut apprendre chez nous. Alors que pendant nos études, nos profs s'évertuent à ce qu'on devienne autonome et responsables, ici il faut suivre à la lettre ce que dicte le médecin. Il y a une hiérarchie bien ancrée qui place le personnel soignant en dessous de la case des médecins. Aucune reconnaissance de notre travail et pour le coup on est vraiment le larbin des gynécologues. Ici si tu n'es pas médecin, tu es considéré comme de la merde et les compétences que tu peux avoir ne sont aucunement reconnues. Je pense qu'au final ils ont eu peur qu'un jour je m'oppose à une décision médicale et c'est pour ça qu'ils ont fait en sorte que j'arrête de travailler le plus vite possible. Ils semblent aussi que j'ai réussi à mettre le doute auprès de mes collègues en ce qui concerne les protocoles et les pratiques d'ici. Le problème c'est qu'elles ont un réel manque de compétences et de connaissances et que le boulot qui est fournit est fait en dépit du bon sens. On prépare les tables d'accouchement stériles à mains nues, on déconnecte les sondes vésicales pour les passer dans les culottes, on fixe les cathé avec du simple collant non stérile etc etc...
Tant que la profession ne sera pas valorisée à la clinique il y aura des soucis et les gynécos continueront à faire n'importe quoi. L'autre jour je regardais par curiosité le nombre de césariennes depuis le début du mois... Sur 22 accouchements réalisés à ce moment là, on comptait en tout 18 césariennes! Je trouve ça un peu gros quand même... Ce que j'aime dans mon travail c'est le contact avec les patients, c'est tout le boulot qu'on peut faire au niveau de l'éducation, c'est les liens qu'on arrive à créer autour de cette nouvelle sphère familiale. Je n'ai en aucun cas retrouvé ça ici. Si j'ai choisi ce métier là, c'est pour me sentir utile, pour me mettre au service de l'autre et tout faire pour le bien de la patiente. J'en ai rien à faire moi de faire rentrer du fric à une clinique qui fait passer ses intérêts personnels avant celui de ses patients au final...
On va dire que cette expérience me permet de savoir dans quelles conditions je suis prête à travailler et je me conforte dans l'idée que je ne suis pas prête à me fourvoyer sous prétexte que c'est comme ça qu'on fait et pas autrement. J'aurais très bien pu continuer à bosser comme ça en me disant "je m'en fous" mais éthiquement parlant c'est juste pas possible. Je ne me sens pas capable de poser des actes que je sais potentiellement dangereux pour la maman ou pour le bébé. 
Alors j'essaie de prendre tout ça du bon côté, en me disant que j'ai bien fait de pas tout plaquer à la Cita et d'assurer mes arrières. Je me réjouis de travailler à nouveau avec toute la tite équipe de la Cita car je sais qu'on fait du bon boulot. 
Maintenant je prend l'aventure boulot ici comme une expérience, tout en sachant que ça m'a quand même bien vaccinée contre mes envies d'aller bosser à l'étranger à tout prix. C'est déjà pas super évident de tout quitter, familles, amis, mais si on se retrouve dans un tel cadre de travail alors c'est vraiment pas facile à gérer. Bon j'ai quand même eu la chance de faire de supers rencontres, et ma vie hors boulot n'est pas du tout à plaindre. Je sais juste maintenant que j'ai envie de me poser un peu sur Liège pour le boulot, mais je continuerais bien sûr à voyager car c'est quand même trop cool les vacances. Le chapitre boulot à Maurice s'arrête donc ici, pour de nouvelles aventures bientôt au plat pays!

Douille

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